Un voyage, une expérience. L’Italie naît à Trebisacce

Il existe un endroit en Calabre où sont stratifiés quatre mille ans d’histoire de l’homme. C’est un voyage long, fascinant, engageant et mystérieux qui accompagne le visiteur dans l’histoire de ce coin de Calabre, d’où tout est dominé. Cet endroit est le Parc archéologique de Broglio, une terrasse naturelle sur la mer Ionienne située à une altitude de près de 200 mètres, sur les pentes du Mont Mostarico, bordée au nord par la chaîne côtière du Pollino et au sud par la plaine de Sibari, surplombant l’ancien village de pêcheurs de Trebisacce, aujourd’hui l’une des destinations touristiques les plus importantes du nord de la Calabre.

Qu’est-ce que Broglio de Trebisacce ? Ce n’est pas seulement un village protohistorique fondé par les Enotri. En effet, cela se ressent immédiatement lorsqu’on grimpe à pied sur cette colline sauvage où, en se promenant, on rencontre des buissons de genévrier, des colonies de genêts et un arbre d’orange caractéristique de cette région, avec son fruit blond qui mûrit aux portes de l’été. Une colonie d’éperviers vit toujours ici, et cette trace lente d’un passage de civilisation semble avoir laissé une séquence d’images au ralenti. De cet endroit, en réalité, on domine un morceau de terre plus vaste qui s’étend au-delà de l’horizon et plonge dans le mythe et la légende de ce théâtre naturel qu’était la Calabre Citra, celle du nord : du Cap Trionto au col de la Mula, du Mont Cocuzzo au golfe de Corigliano-Rossano. Un lieu peuplé par les Enotri, apprécié par les Grecs et convoité par les Romains.

4 000 ANS DE CIVILISATION STRATIFIÉE

Le Parc archéologique de Broglio de Trebisacce (PAB) est le seul village des Énotri actuellement connu où les structures d’une communauté ont été mises en lumière, dont la vie s’étend de l’âge du Bronze moyen vers 1700 av. J.-C. jusqu’à la fin de l’âge du fer précoce, avec la fondation de Sibari (720 av. J.-C.). En traversant la porte de l’histoire, nous trouverions ici une population dédiée à l’industrie du fer et de la céramique, à l’agriculture et à l’élevage ; qui utilisait déjà la laine et les fibres pour les vêtements et qui suivait un régime alimentaire à base de viande, de légumineuses et de légumes. Il y a deux mille ans, Broglio était un lieu de grande civilisation qui a étendu son modèle de société, développé grâce aux contacts avec la culture grecque, vers le Nord, donnant ainsi naissance à la civilisation italique. Quand on dit que tout ce monde de savoir, de connaissance, de beauté extraordinaire et incomparable dont l’Italie se vante dans le monde entier s’est développé depuis le sud de l’Italie, nous savons que certainement l’un de ces moteurs à partir duquel tout est né et s’est répandu jusqu’aux Alpes était le village énotrien et italique de Broglio.

AU CŒUR DE L’ÉNOTRIE QUI A DONNÉ SON NOM À L’ITALIE.

D’après certaines découvertes archéologiques, on suppose qu’Italo, roi des Énotri, a établi sa résidence en terre calabraise en créant des villages perchés en contact visuel direct les uns avec les autres dans le but de favoriser le contrôle et la stabilité des communautés, cherchant à promouvoir l’apaisement et la construction solide. C’est de son nom que ce territoire a été le premier à s’appeler Italie. De la littérature scientifique précieuse, de la philosophie d’Aristote à Antioco de Syracuse, en passant par Strabon et jusqu’à Thucydide, confirme la thèse selon laquelle l’origine du nom Italie trouve ses racines dans ce coin de la Calabre.

À tel point qu’aujourd’hui, le mot « Italie », dérivé précisément d’Italo, a été inclus dans la proposition officielle de la cartographie des Marqueurs Identitaires Distinctifs (MID) de la Calabre Extraordinaire, un projet régional visant à réécrire le récit expérientiel de la Calabre, celui qui est inédit et inexploité, afin de le rendre moins saisonnier et plus international.