Immobilier, les Alpes-Maritimes ne s’en sortent pas si mal
Dans un contexte de crise et alors que les volumes de ventes connaissent une baisse inédite en France, le marché azuréen résiste, même si, remontée des taux oblige, les primo-accédants n’ont plus voix au chapitre.
Publié par Lizza Paillier sur Tribune le 23 janvier 2024
Cyril Messika, co-président de la FNAIM Côte d’Azur, a déclaré que « le pays est secoué, et même notre département est impacté » en raison des guerres, de l’inflation, de la remontée des taux d’intérêt (…), lors de l’introduction de la traditionnelle présentation du bilan de l’année écoulée le 23 janvier. D’après les chiffres de la FNAIM (arrêtés à novembre dernier), le nombre de ventes a diminué de 22% en France en 2023 : une chute « inédite sur ces 50 dernières années« . Dans les Alpes-Maritimes, la baisse est contenue à -17,3%, ramenant les volumes à ceux de 2020, soit environ 26 000 transactions, avec une pente moins raide. « Le marché reste dynamique car la demande est là, mais il est au ralenti ». Cependant, la demande est amputée : « nous constatons une dualité de marché, explique Cyril Messika, avec d’un côté une clientèle disposant d’un prêt, et de l’autre une clientèle sans prêt ».
En d’autres termes, les retraités et les étrangers font tourner le marché de la résidence secondaire et l’investissement locatif dans les petites surfaces, alors que face à la remontée des taux d’intérêt, les potentiels primo-accédants n’ont plus accès à l’emprunt, ce qui impacte le marché de la résidence principale pour actifs : « l’effet combiné de l’inflation, de la hausse des taux et des difficultés d’accès au crédit a fait perdre aux Français environ 20% de pouvoir d’achat immobilier en deux ans« , d’après la FNAIM. D’autant que, s’ils baissent globalement partout en France, y compris à Paris, les Alpes-Maritimes font figure d’exception, avec une hausse moyenne de 4% sur l’année, portée à la fois par la pénurie de logements neufs, la diminution du stock face aux excellents chiffres de la revente sur les cinq dernières années, la demande toujours très forte et les politiques de rénovation de quartiers menées par certaines municipalités.
Les prix Covid, c’est terminé
Si les prix ont cessé de grimper sur le dernier trimestre 2023, ils peinent à baisser : « il faut faire comprendre aux vendeurs que les prix d’aujourd’hui ne sont pas ceux de 2022« , explique William Siksik, co-président de la FNAIM Côte d’Azur. En clair, les années Covid ont été lucratives, avec des prix boostés par les envies de soleil des Parisiens ou de surface supplémentaire des Azuréens, mais il faut désormais revenir à la réalité. Surtout, après des mois de hausse, les taux d’intérêt devraient se stabiliser, voire légèrement fléchir, déclenchant peut-être l’achat chez les attentistes qui peuvent encore se le permettre.
Des propositions « qui ne coûtent rien »
Déplorant que le nom du ministre du Logement ne soit toujours pas connu, « ce qui en dit long sur l’importance que ce secteur représente pour l’exécutif« , et que, s’il finit par être nommé, il sera le 6e en six ans, « un turnover incompatible avec la lisibilité et la visibilité nécessaires aux professionnels du secteur comme aux Français« – la FNAIM rappelle que l’éventuel ministre devra s’atteler au projet de loi Logement « dont le dépôt est -théoriquement- prévu d’ici la fin du semestre« , et espère que le résultat final « ne sera pas aussi déceptif que l’a été celui du CNR Logement« . La fédé réitère ses propositions « qui ne coûtent rien« , souligne William Siksik : mettre en pause les règles du Haut Conseil de Stabilité Financière, inclure le PTZ dans l’apport des primo-accédants, relancer la portabilité des prêts, relancer le Pinel qui s’est arrêté brutalement après 38 ans de dispositifs similaires, élargir le Denormandie, modifier la loi Climat en précisant que seuls les logements classés G loués « à compter » du 1er janvier 2025 seront frappés d’indécence, afin de sécuriser les bailleurs… Autant de propositions déjà formulées auprès du CNR, « ça n’a rien donné« .
Sur le plan local en revanche, la FNAIM Côte d’Azur salue l’écoute des élus, à travers l’OIH qui porte la voix de la filière. « Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais au moins nous sommes écoutés« . Un état de fait que Cyril Messika et William Siksik aimeraient voir dupliqué sur le plan national.